Thèse de M. Claude PONCIN, 1963, 72 pages.
Il nous semble qu'en préliminaire à notre travail, il s'impose d'en éclairer le titre de quelques mots. On verra que cela revient à en indiquer le plan.
On peut s'interroger d'abord quant à l'objet de notre analyse : la thérapeutique institutionnelle.
On peut se demander ensuite de quel type d'analyse relève une « analyse structurale » ; et sur quoi se fonde sa nécessité dans une telle entreprise thérapeutique.
Répondre à ces deux questions constitue tout l'objectif de notre travail. C'est ainsi que :
1) En ce qui concerne la première question : nous ferons un historique de la notion de thérapeutique institutionnelle en essayant d'en retracer la génèse et l'avènement à travers les nombreux travaux des psychiatres qui participèrent à ce mouvement. Nous suivrons celui-ci dans ses élans et ses ruptures, à travers les publications qui en jalonnent le cours, essayant, non point de retracer une histoire évènementielle, mais plutôt d'en marquer les tournants idéologiques, afin de mieux saisir l'esprit qui l'anime.
Nous opposerons ainsi certaines périodes qui tirent leurs significations les unes des autres et impriment au mouvement de nouvelles directions.
Nous nous placerons d'emblée, lors de cette première partie, dans une perspective historique.
C'est à la fin de cette étude que devrait apparaître ceci : que l'analyse structurale constitue « l'ici et maintenant » de la thérapeutique institutionnelle, la perspective historique manifestant l'exigence de cette méthode d'analyse inscrite comme nécessaire dans l'histoire même du mouvement.
2) Notre réponse à la seconde question se trouvant ainsi posée nous la développerons alors : abandonnant la perspective historique, nous adopterons, dans une seconde partie, une perspective synchronique ; c'est-à-dire que, ne nous préoccupant plus des moments et des présupposés théoriques qui ont fait telles les institutions thérapeutiques, nous envisagerons celles-ci selon la nouvelle optique que l'analyse structurale grâce à la mutation qu'elle opère, y introduit : comme un système symbolique dans lequel médecins, infirmiers et malades se trouvent en quelque sorte assignés à des places qui les constituent, de par leurs écarts respectifs, comme unités signifiantes. C'est de ce système que nous tenterons d'inventorier la structure1.
Notre « essai » ne sera qu'une première ébauche des possibilités de travail ainsi suggérées.
1. SEBAG (34) précise, quant à la distinction entre « signe » et « symbole », que : « ce qui les distingue l'un de l'autre. ce n'est pas seulement, comme on l'affirme couramment, le degré d'arbitraire entre le signifiant et le signifié, qui pour le premier serait très marqué, pour le second presque nul : ce n'est là qu'une conséquence seconde d'un fait primordial qui peut se qualifier commme suit : nous appelons signe toute unité dont la face signifiante n'est pas empruntée à un système symbolique déjà constitué mais à un domaine non organisé en vue de telles fins ; l'arbitraire de la relation en découle nécessairement ; il se trouve considérablement restreint lorsqu'il s'agit de “symboles” au sens particulier de ce terme, car la signification surgit toujours à partir d'unités déjà significatives qui sont soumises à un nouveau principe d'organisation ».